30 décembre 2005

Penser le reportage en ligne

Jonathan Dube dans son article Online storytelling forms propose de combiner les différents supports médias selon une fonction bien précise.
  • Use print to explain
  • Use multimedia to show
  • Use interactives to demonstrate and engage

L'idée centrale est de morceler les informations d'un reportage en sections très anglées, chacune présentées sur un support approprié.

Il donne ensuite une série d'idées et de liens vers des reportages montrant différentes utilisations du multimédia.

24 décembre 2005

Quelle est la différence entre un journaliste et un blogueur?

Question à deux balles: quelle est la différence entre un journaliste et un blogueur?



Citant notamment le rédacteur en chef de Popular Mechanics, elle explique que de plus en plus journalistes ne reconnaissent plus une dichotomie entre les médias traditionnels et la blogosphère.

Interviewant Jeff Jarvis, gourou des nouveaux médias, Spiers relève que le journalisme est plus un acte que la possession d'une carte de presse.

Grosso modo, dans la blogosphère et sur Internet en général, la crédibilité dépendrait des "standards journalistiques" des blogueurs.

Ce qui me rassure quand meme...

Mais ça soulève des questions intéressante, apparentées aux interrogations de Hume sur l'entendement humain: comment distinguer un article à saveur journalistique d'un véritable article journalistique? Qu'il ait été produit par un journaliste ou un blogueur?

Peut-etre la solution se trouve-t-elle dans la transparence... Comment ? En publiant ses sources documentaires, à la manière des universitaires quand il s'agit de bouquins ou alors en scannant et en mettant en ligne les documents en notre possession. En ce qui concerne les interviews, il faut proposer des vidéos ou bandes audios qui donne la version longue des entretiens.
Cela permettrait un controle des propos tenus par le journaliste ou le blogueur.

Reste que cela pose plusieurs problèmes dans le travail journalistique. Le off, le hors-caméra, tant décrié, est pourtant utile au journaliste pour comprendre, donner un éclairage particullier à des situations, pour mener ses investigations un peu plus loin...

Quant aux sources anonymes, dont l'abus a mené le public se méfie aujourd'hui, elles devraient simplement etre écartées, ou utilisées le moins possible.

A quel moment accordez-vous votre confiance à un journaliste ou à un blogueur, quelle serait la procédure publique à observer pour s'assurer de la véracité d'une information?

19 décembre 2005

La minute syndicale

Des journalistes au chômage. Des entreprises de presse au bord de la faillite. La pub en retrait. Le paysage n'est pas rose. Même des géants semblent prêts à s'effondrer.

Les journaux veulent du texte et des images, ils sont de plus en plus nombreux à demander au public de leur fournir ce qu'ils publieront.

Les blogues! Mais qui fait de l'argent avec les blogues, qui vit de son blogue?

Cité en exemple par Le Meur dans son bouquin Blogs pour les pros, l'Australien Darren Rowse engrangerait 100 000 dollars par année en se branchant sur le système publicitaire AdSense de Google.

Bravo!

Mais, l'immense majorité des blogueurs, je dirais tout près de 99%, ne paient même pas le prix de leur connexion ADSL avec les revenus d'AdSense.

Le contenu n'a pas pris un cent de valeur au cours des dix dernières années. Mais la "tuyauterie", elle en a pris.

Google engrangent des profits. Certains éditeurs engrangent des profits. Le fournisseur d'accès Internet engrange des profits.

Certes, les journaux et le net magnifient le contenu. Comme il est noble d'être créatif, débrouillard, producteur de poésie et de prose, clame-t-on.

Mais le fric - les revenus comme les investissements - vont et viennent avec la "plomberie", c'est-à-dire des canaux de distribution de ce contenu.

Etrange, non?

15 décembre 2005

les 10 commandements d'un site Internet

En fayant les profondeurs du net et en recherchant particulièrement les plus anciennes recommandations sur l'élaboration de sites, je suis tombé sur les 10 commandements du WebMestre datant de la fin des années 90. Je les récite de mémoire et les met un peu à ma sauce...
  1. Plusieurs choix à l'internaute tu donneras.
  2. Point de liens hypertextes différents au même endroit ne mènera
  3. Des liens identiques à une même page mènerons.
  4. Deux choix trop ne se rassembleront.
  5. Pas trop d'options.
  6. A toutes tes pages facilement l'internaute accédera.
  7. De liens inutiles l'économie tu feras.
  8. Jamais à l'extérieur du site les liens ne pointeront.
  9. Les attentes raisonnables de l'internaute tu rencontreras.
  10. Jamais le « cliquer ici » tu n'utiliseras .
Les choses ont-elles bien changé depuis ? Je reviendrai sur ces 10 commandements dans des prochains billets...

13 décembre 2005

A propos de l'hypertexte et du journalisme

Juste un petit correctif au sujet de l'hypertexte et le journalisme. Je me suis aperçu avoir oublié Branchez-vous, l'un des rares site de nouvelles sur les technologies qui donne des liens dans ses articles.

Comme tous les autres sites d'information, l'un des sites parents de Branchez-vous, le site généraliste Mesnouvelles.com, lui, reprend les dépêches d'agence de la Presse canadienne sans toutefois lui ajouter des liens.

Si vous trouvez des sites d'information généralistes qui proposent des liens pointant vers le Web, je suis preneur.

12 décembre 2005

L'hypertexte en journalisme II

En repensant à L'hypertexte en journalisme , je me suis rendu compte que la plupart des journaux veulent en fait conserver leur "public" captif de leurs pages web.

En n'affichant aucun lien dans leurs articles, le raisonnement des éditeurs et des rédacteurs en chef et des responsables web semble être le suivant: "en mettant à disposition des liens vers l'extérieur du site, on donnerait du trafic à d'autres et les internautes ne reviendront plus chez nous".

Si ma perception de leur raisonnement est juste, leur attitude est navrante à plus d'un titre:
  • C'est un aveu de faiblesse : ils n'ont pas n'a pas assez confiance dans leur contenu et craignent de ne plus jamais revoir un internaute chez eux.
  • C'est un aveu d'ignorance: en feignant d'ignorer le reste du Web, les auteurs d'un site se ridiculisent et donnent l'impression de ne rien y connaître.
  • C'est une méprise sur ce qui fait la réputation et le prestige d'un site : le contenu y joue certes pour beaucoup, mais le fait de proposer des liens pertinents vers des sites de qualité compte pour le reste.
Pour l'heure, la plupart des sites de journaux qui cultivent un tant soit peu l'hypertexte le font seulement sur leur propre territroire, c'est-à-dire qu'ils renvoient exclusivement à leurs archives et à leur dossier. C'est déjà un premier pas, en attendant le prochain.

11 décembre 2005

Les raisons pour lesquelles le journal est toujours supérieur à Internet

Pas très sérieux, cet article du colomniste Tony Gabriele au Daily Presse. Mais il dit tout haut ce que bien des journalistes de la presse écrite pensent tout bas. Et il est vrai qu'à regarder l'état des médias aujourd'hui, ça fait peur...

Pour Tony Gabriele, convaincu de la supériorité de la presse écrite, la presse électronique souffre "d'infotainment". Difficile de le contredire...

Mais sa véritable idée sur le phénomène se trouve à la toute dernière ligme: quand les journaux auront disparu, où croyez-vous qu'Internet ira chercher ses nouvelles?

Encore une fois, on s'imagine que les journalistes qui travaillent en ligne ne peuvent pas faire le même boulot que les journalistes traditionnels. Pour ceux qui sont du même avis que Gabriele, le net est au mieux une vitrine, au pire une pompe à nouvelles.

N'y a-t-il pas moyen de changer les perceptions? Et surtout pour les journalistes de trouver de nouvelles manière d'exploiter le Web?

09 décembre 2005

Deuzeblog - Technologie et culture des médias

Le Deuzeblog appartient à l'un des rares universitaires à réfléchir sur le journalisme d'aujourd'hui et penser celui de demain. Mark Deuze a écrit plusieurs papiers et bouquins depuis 1994 sur les liens et les influences des nouvelles technologies et la culture des médias.

Mark Deuze enseigne à l'université de l'Indiana au Département des télécommunications et à l'Université de Leiden en Hollande.

Quelques-uns de ses articles en ligne...

08 décembre 2005

Sur Deuze, le formatage des journalistes et un nouveau programme.

Selon l'analyse de Deuze dans Towards professional participatory storytelling in journalism and advertising, la manière dont se définissent les journalistes est très certainement la "cause" de la désaffection du public.

En étudiant l'idéologie journalistique, Deuze dégage la perception que les journalistes ont d'eux-mêmes et de leur travail. Il en ressort que, dans le deuxième moitié du XXe siècle, les deux notions suivantes ont été réifiées dans les écoles de journalisme et les organisations de presse:
  • Le devoir du journaliste est de dire à des individus ce qu'ils doivent savoir pour fonctionner en tant que citoyen d'une démocratie - celui des publicistes est dire à ces mêmes individus ce qu'ils doivent faire pour agir comme des consommateurs dans un système d'économie de marché.
  • Dans les deux, les histoires qu'ils racontent doivent servir à informer, persuader, amuser ou éclairer ce qui est considéré comme une "masse" anonyme.
Les journalistes ont donc depuis des décennies une comportement monopolistique à l'égard de la méthode et des moyens de raconter des choses à des publics sélectionnés.

Les organisations journalistiques ont traditionnellement exclu toute discussion avec les utilisateurs des médias. Elles se sont mises dans un rapport hiérarchique, de haut en bas, avec leurs publics.

Ce rapport hiérarchique a éclaté d'abord dans les compagnies de jeux vidéos qui, les premières, ont ouvert grand leurs portes à ceux qui utilisaient leurs produits.
La fragmentation de la société contemporaine peut être comprise comme un procédé, en cours et peut-être même inévitable, de «liquéfaction» et d'hyperindividualisation de la vie sociale, où « la façon dont les gens définissent leurs problèmes et essaient de les résoudre en déployant des compétences et des ressources individuelles est la dernière affaire publique et le seul sujet d'intérêt public».
Au lieu de s'appuyer sur le journalisme ou la publicité, les deux versants des mass medias, pour comprendre leur monde, les gens utilisent désormais des systèmes de communication sophistiqués - blogue, internet, chat, forums, etc. - qui leur permettent de discuter et de comparer leur propre version de l'histoire.

Ainsi, selon Deuze, les journalistes et les gens des médias en général ne pourront envisager leur avenir que s'ils transforment radicalement la manière dont ils perçoivent leur rôle, leurs méthodes de travail et le rapport à ce qu'on appelait autrefois "le public".
L'identité future des professionnels des médias devra inclure une composante participative -- par exemple, la notion de narration comme étant une expérience collaborative. En d'autres mots, les publicistes et les journalistes devraient s'entraîner à penser les histoires qu'ils racontent comme "co-créées" avec ceux qu'ils ont un jour identifiés - et effectivement exclus - sous l'étiquette de public, d'utilisateur, de consommateur ou de citoyen.
Deux stratégies s'offrent aux organisations journalistiques traditionnelles :
  • Mettre au point de nouvelles techniques de production et d'édition toujours plus sophistiquées qui captureront l'attention d'utilisateurs médias qui naviguent, scannent et zappent, annotent et rassemblent chacun leur propre réalité médiatique customisée.
  • Ou alors trouver des façons de coopérer avec ces nouveaux producteurs de narration qui émergent dans le monde en ligne.
Le Monde ainsi que le Mail &Guardian en Afrique du Sud offrent maintenant des espaces blogues modérés. Ces expériences, selon Deuze, ne font que maintenir l'identité traditionnelle des médias, plus qu'aucune véritable collaboration n'existe..

De nouvelles approches, mettant expressément en rapport le journaliste et son ancienne audience pour raconter des histoires, son nécessaires économiquement, moralement, et socialement.

Un journalisme à code source ouvert en quelque sorte.

07 décembre 2005

A quoi ressemblera le journalisme biélorusse et chinois?

La Chine et la Biélorussie ont annoncé qu'ils échangeraient des nouvelles politiques, économiques et culturelles par le biais de leurs agences de presse, depublications et de diffusion d'émission ainsi que par d'autres mass media, rapporte l'agence de presse Xinhua.

Des soaps chinois sous-titrés ou doublés en biélorusse?

Pire, des nouvelles issues d'agences de presse qui tiennent plus du service de presse de Wal-Mart empreintes de toute l'objectivité de l'Agence TASS de la belle époque...

L'hypertexte en journalisme

L'hypertexte. Pourquoi les journalistes utilisent-ils si peu l'hypertexte dans leurs papiers mis en ligne? Les articles du Devoir ou de la Presse, à Montréal n'en montrent pas un. Le site du Temps à Genève ou du Monde à Paris non plus.

Les journalistes ne les évitent certainement pas par paresse. Peut-être par déformation professionnelle? Il me semble que le papier nous ait formatés, nous journalistes, bien plus que nous voulons bien l'admettre.

On n'a qu'à regarder un journal et trouver une nouvelle qui fait référence à un événement couvert dans une édition précédente.

On se dépêche de signaler dans le lead que cette nouvelle s'inscrit dans la suite des événements, on développe ce qu'il y a de neuf et on termine sur quelques paragraphes de synthèse pour boucler le tout.

Et si l'on écrit un papier, auquel il manque ce bout de synthèse bien torché, on se dit qu'on n'a pas fini le travail.

Ceci dit, on ne fera jamais l'économie de synthèses, ne serait-ce que pour raccourcir le temps de lecture et articuler les moments forts d'une histoire, d'un feuilleton.

Sur le net, cette nécessité du papier disparaît. L'hypertexte, comme le fait remarquer John Burke, du Editor's Weblog, permet de renvoyer à une édition précédente, de "rappeler" l'histoire.

D'autres utilisations de l'hypertexte sont-elles envisageables? Si vous avez des idées, je suis preneur. De toute façon j'y reviendrai d'ici quelques jours.

06 décembre 2005

La narration, le renouveau du journalisme américain?

Les journalistes américains cherchent de nouveaux moyens d'intéresser leurs lecteurs. Le moyen: le "narrative". Ils veulent rendre compte, jouer leur rôle de témoin, en racontant plutôt qu'en alignant les unes derrière les autres les citations entre guillemets

Concrètement, quatre "méthodes" de la fiction entreraient dans la boite à outil du rédacteur : les scènes, le dialogue, les détails et le point de vue. L'idée derrière étant de créer un rapport privilégié avec le lecteur.

Honnêtement, je n'ai pas essayé, mais ce serait à étudier.

Lors de leur congrès sur le journalisme narratif, quelques sommités - des récipiendaires de Pulitzer pour la plupart - estiment que le journalisme narratif est l'enfant de la nonfiction, un genre littéraire qui fait fortune dans les chaumières américaines.

Un exemple, français, me vient en tête, celui de Pierre Bellemare et de ses multiples livres à histoires vraies.

Personnellement, je crois que les journalistes américains ont davantage souffert de l'uniformisation de la presse - il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil aux "bible" qu'est devenu le AP stylebook et autres du genre dans les rédactions. Véritables rouleaux compresseurs du style.

En France et dans la francophonie en général, le style et la manière de raconter. Qu'en pensez-vous?

D'un autre point de vue, les limites du journalisme narratif se trouvent dans la subjectivité: pourquoi privilégier cet élément de détail plutôt qu'un autre. En quoi la couleur des souliers de mon interlocuteur rend-elle l'information plus crédible, plus vraie? Elle en a seulement l'apparence...

Pour les panélistes, l'équité (fairness) dans ce genre de journalisme veut dire:
- ne pas mentir
- se présenter aux gens comme journalistes et ne pas se faire passer pour quelqu'un d'autre.
- clarifier avec les sources les règles de on et off.

Si vous trouvez un morceau de journalisme narratif, pourriez-vous me le faire parvenir?

05 décembre 2005

Qu'est-ce qui attire l'oeil dans une page?

Eyetrack III - Homepage Viewing Patterns

Si vous avez lu les mêmes ouvrages que moi, suivi les mêmes cours de mise en page que moi, vous avez certainement retenu les leçons suivantes:

- vous devez monter vos pages en imaginant une diagonale partant du coin supérieur extérieur de la page au coin inférieur intérieur. Vous disposez en équilibre de chaque côté de cette ligne les photos, les grands titres, parce que cela est agréable à l'oeil.

- un paragraphe ne doit jamais être plus long qu'il n'est large.

- vous palcez les photos de manière à ce que les têtes des personnages "regardent" vers l'intérieur de la page.

- et j'en passe et j'en passe....

Autrement dit, les codes qui régissent la mis en page d'un journal sont connus, on les applique même sans trop se poser de question. Mais dans le cas du web, comme l'oeil traverse-t-il l'écran? Connaît vraiment bien de media?

L'étude Eyetrack III, menée par le Poynter Institute, le Estlow Center for Journalism and New Media et Eyetools Inc., comme elle le dit si bien, "traque le mouvement des yeux des internautes". Où s'arrête leur regard, qu'est-ce qui capte leur attention, quelle taille l'image doit-elle prendre, quelle taille le texte doit-il avoir, quel contenu doit-on mettre en ligne pour attirer leur attention et les faire lire?

Je vous laisse les conclusions auxquelles arrivent les chercheurs à ce sujet.

* Readers are first drawn to the flag/logo and your top headlines, especially when they are located in the upper left of your page, so you may want to place important content in these areas. You might use other elements such as blurbs to override this instinct if there is some other content that you wish your readers to see before all else. Also remember that large headlines tend to attract more eye fixations sooner than some other page elements.
* Understand that the first few words in a homepage headline are crucial in engaging the largest number of users. Also note that unusual initial words and words in all capital letters may influence how many eyes fixate on a particular headline.
* Users will give you a minimum of five chances to engage them with headlines. Excellent headline writing in this environment can make a difference.


En gros donc, la hiérarchie de l'information commence en haut à gauche, de la titraille bien visible et des titres accrocheurs dès les premiers mots attireront l'attention du lecteur. Mais ce dernier ne nous laissera pas plus de cinq chances pour le persuader de cliquer et de lire le papier, euh, le texte.

Si cela resemble beaucoup aux impératifs des journaux-papiers, il est frappant de remarquer que la plupart des sites de presse - construit par des rédactions professionnelles - ne tiennent pas compte de ces études...

04 décembre 2005

Existe-t-il une écriture web?

Dans le domaine de ceux qui réfléchissent sur l'écriture web, il faut relever Redaction.be.

"Croire que le traitement de l'information et, a fortiori, l'écriture, n'en subit aucune influence est tout aussi naïf. Le premier réflexe est toujours l'adaptation brutale. Rappelez-vous les premières expériences de journaux télévisés où le présentateur radio était en fait filmé, devant son micro, le nez collé à son papier... Depuis, le "langage" télévisuel a connu bien des évolutions", écrit le concepteur de Redaction.be Jean-Marc Hardy.

Selon lui, l'écriture web ressemble à l'écriture radio. Son idée recoupe celle émise par plusieurs blogueurs: le ton doit être celui de la conversation.

# Les titres courts
# Les phrases courtes 15-20 mots
# Les paragraphes limités à une seule idée
# Les tournures simples

Côté longueur de texte, pas plus de 5000 signes. Le confort de la lecture fixe cette limite bien plus que les contraintes d'espace des journaux imprimés traditionnels.

Dans les faits, en multipliant les pages web de 5000 signes, il n'y a aucune limte, si ce n'est l'épuisement du lecteur, voire du rédacteur...

03 décembre 2005

comment les canaux de transmission de l'information transforment le journalisme

le canal par lequel une information transite transforme la façon dont les journalistes construisent leurs articles. l'exemple de la pyramide renversée - probablement la première règle que l'on apprend dans le métier - en est l'exemple le plus flagrant.

il faut remonter à la guerre de sécession pour comprendre la manière dont s'écrivent les articles aujourd'hui, spécialement dans les agences de presse.

pendant ces années 1860-1865, de nouvelles technologies se développent. les premières montgolfières apparaissent au-dessus des champs de bataille, les premiers photographes de guerre rapportent des clichés du front et surtout le télégraphe permettait aux journaux de publier dès le lendemain, voire le jour même, les papiers de leurs correspondantssur place.

les lignes de communications - et spécialement le télégraphe - étaient des cibles de choix pour les combattants. pour les reporters, il fallait envoyer les informations essentielles au début du télégramme, de peur de voir la ligne coupée et l'essentiel du message perdu au bout du fil...

par la suite, cette façon d'organiser l'information - le neuf et l'essentiel au début et le moins important à la fin - est devenu une tradition. elle a gardé pendant des années un côté pratique. les typographes et les travailleurs du plomb, puis les photocompositeurs, pouvaient couper par le bas un article trop long pour la mise en page.

mais aujourd'hui? est-ce encore un impératif? la pyramide renversée est-elle encore pertinente?

de quelle manière internet, le sms, le multimedia et les autres inventions qui apparaissent aujourd'hui vont-ils influencer notre manière d'écrire des histoires, de rapporter des nouvelles? quelles sont les contraintes et les libértés nouvelles modifieront nos pratiques journalistiques? et quelles pratiques changeront peu ou pas du tout?

je vous invite à spéculer et je vous livre mes réflexions dans un prochain billet.

blogs pour les pros

bon petit bouquin qui se lit en une heure ou deux, blogs pour les pros de loïc le meur éclaire les diverses utilisations de cet outil de publication. malheureusement, le meur ne consacre qu'un seul chapitre au journalisme, mais sa lecture demeure intéressante pour les journalistes en plusieurs points.

contrairement à le meur, il me semble que les journalistes de la francophonie - et les entrepreneurs de presse - connaissent peu ou mal les blogues, n'en lisent que très peu et ne savent pas en tirer le meilleur.

à la lecture de blogs pour les pros, quelles sont les enseignements utiles pour les journalistes?

- la lecture de blogues permet de garder une oeil sur certaines sources: politiques et entrepreneurs qui entretiennent des blogues.

- comprendre le phénomène de la crédibilité dans la blogosphère: selon le meur, les blogues sont aussi crédibles "qu'une conversation de la vie de tous les jours". autrement dit, si vous connaissez le type ou la fille, que c'est un ami, vous le lui ferez davantage confiance qu'à un parfait inconnu. si un blogueur a une certaine réputation, s'il est référencé, qu'il blogue depuis longtemps, il en sera d'autant plus crédible.

- identifier les influenceurs: les blogueurs crédibles sont des leaders d'opinion. et donc des sources potentielles.

- la critique des médias: le meur rappelle aussi les critiques de dan gilmor, auteur de we the media, et des autres partisans du "journalisme cityen". il reproche aux médias traditionneles l'opacité de leur fonctionnement. on connaît la crise de confiance entre les médias et leur audience, pourquoi pas bloguer sur les choix et les manières de traiter l'information qu'on sert?

- la tendance dans les médias. plusieurs grands médias se mettent - ou plutôt mettent quelques journalistes - au blogue. libération a été le premier quotidien.

- la participation des lecteurs: le monde a sa propre plateforme blogue. selon les chiffres de le meur, 10% des abonnés y ont créé leur blogue. faire partie des blogueurs du monde, explique le meur, donne au lecteur le sentiment d'appartenir à une sorte de "club". "en se retrouvant de la sorte, ils écrivent d'une certaine manière pour le monde", dit-il.

- bloguer. le meur rapporte une anecote éclairante. une copine journaliste a ouvert un blogue. premier billet: une question d'une ligne. elle interrogeait le public sur le sujet qu'elle entendait traiter. la réaction? une volée d'injures.
pour que le blogue devienne une "source" d'informations, le journaliste doit d'abord entamer la "conversation" avec ses lecteurs, créer une relation de confiance avec eux. et une relation de confiance, ça ne se construit pas du jour au lendemain.


en somme, la lecture de blogs pour les pros ouvre quelques pistes de réflexion, au moins sur les transformations du monde de la communication.