04 février 2008

Twitter, Davos et le micro-journalisme

Twitter, une application web, permet de publier sur le net 140 signes de ses observations, depuis l'interface web ou depuis son mobile. 140 signes maximum, c'est un SMS standard amputé de 20 signes environ.

Pour faire court: beaucoup de gens croient que Twitter ouvre la porte au micro-journalisme. En attendant, on se contentera du "micro-blogging".

Davos a été l'un des champs d'expérimentation. Les foules ne sont pas rué sur twitter.com/davos, 225 followers à peine, mais on lui reconnaîtra quelques lignes dignes des breaking news de CNN.

On pourrait toutefois imaginer faire quelques trucs intéressants du point de vue du journalisme.

- Hard news. 140 signes pour faire du journalisme, le choix n'est pas esthétique, il est technique. C'est vrai que ça favorise davantage l'observation, le genre déclaratif, que l'analyse.

- Trucs et astuces. L'utilisation de tinyurl, une autre application web qui permet de raccourcir les longues URL, permet de placer des liens très courts dans micro-billet.

- Du contenu court pointe vers du contenu long. Ces petites URL peuvent alors pointer vers des contenus publics, des vidéos de Youtube, des billets sur des blogues.

- Le choix de la plume. Même en 140 signes, le style. est permis Dans le cas de twitter/davos, il s'agit d'un joyeux mélange de breaking news et de discussion MSN entre deux ados. Dans le registre édito/commentaire, on pourrait imaginer un trait d'esprit sur un sujet d'actualité, une phrase bien placée.

Sur le fond, l'outil est plus qu'intéressant. Il ne faudrait pas confondre le contenu présenté sur le twitter de Davos et les possibilités qu'offre ce service.

Sur le site du Quotidien Jurassien, on avait mis au point, en juin 2006, un système qui permettait de mettre en ligne de courtes informations à partir de SMS, envoyés par téléphone portable. L'expérience n'a pas été concluante, à cause de soucis techniques et d'ergonomie.

Mais un média pourrait se servir de twitter ou de fils RSS alimentés par téléphone portable comme d'un vecteur de son contenu (en ligne et hors ligne), à la fois teaser et fil de nouvelles.

Sur (presque) le même sujet

Le blogue de Davos des journalistes de la Télévision suisse romande

http://tsr.blogs.com/davos/2008/01/micro-journalis.html?wysistatpr=ads_rss_texte_blogs

Le papier de The Economist au sujet de Twitter dans la campagne américaine.

http://www.economist.com/world/na/displaystory.cfm?story_id=10608764

Cinq questions pour apprécier la crédibilité d'une source d'information sur le web

Si ça fait des années que certains journalistes - des Canadiens anglais et des Américains, donnent dans le CAR, le "computer-assisted reporting", il semble que beaucoup d'entre nous n'aient pas encore saisi l'importance de la chose.

Avant de se lancer dans le web-scraping ou la gestion de base de données, les journalistes qui veulent survivre à la vague, au raz-de-marée numérique, doivent se donner les moyens de reconnaître un site utile et fiable:

- Que me dit l'URL de ce site? Apprendre à lire une URL est le premier devoir du journaliste. Un peu de culture numérique et on apprend à lire tout ça sans difficulté et surtout on évite les bourdes comme des journalistes de la BBC qui avaient cru avoir à faire avec Dow, alors qu'ils traitaient avec des plaisantins (4 déc 2004).


- Le site est-il crédible? Un français correct, une mise en page professionnelle contribuent à prendre le site au sérieux. Mais, surtout, son contenu est-il daté? Rien de pire qu'une information périmée...

- Qui est derrière ce site? Soyons réaliste, il n'existe pas de site sans auteur. Ce qui n'est pas signé n'est pas digne de confiance. Sinon, qui est l'auteur? Un quidam, une institution, une ONG, un gouvernement. Se présente-t-il? Est-il connu? Fait-il autorité dans le domaine? Qu'est-ce qui lui permet-il d'affirmer ce qu'il dit?


- Y a-t-il des informations de contact? Le moindre, c'est de parler avec l'auteur du site. Un site peut être bien écrit, prétendre être le fait d'une personne ou d'une institution. Peut-on joindre l'auteur ou une personne de référence?

- Quels sites pointent vers ce site? Un indice de la crédibilité d'un site ou d'une personne, c'est la réputation. Sur le net, la réputation, ce sont les liens qui la font:quels sites pointent vers ce site. Pour le savoir: tapez dans Google, la commande suivante: link:URL_du_site. Si vous cherchiez par exemple à savoir qui pointe vers mediatronique, vous entreriez cela de cette façon.

link:mediatronique.blogspot.com

(Vous verrez combien je suis un as du marketing sur le web!)

Sur (à peu près) le même sujet:

Alain Joannès explique comment se servir de sources secondaires pour diversifier le contenu tout en prenant garde à ne pas tomber dans l'intox.

http://www.journalistiques.fr/trackback/198827

02 janvier 2008

La problèmatique des rédactions intégrées

Un peu de franchise, il n'y a, à l'heure actuelle, aucun système éditorial vraiment crossmedia.

Et dans le monde de la presse écrite, le web est souvent perçu comme une nuisance, un boulot en plus. Ce qui est relativement vrai tant que des outils efficaces n'auront pas été inventés, mis en marché et que, surtout, les journalistes aient été formés à ces nouveaux outils.

Sans parler de développer du manque de culture numérique des journalistes (voir mon billet précédent pour ceux qui voudraient se mettre à la page)...

Alain Joannes, de journalistiques.fr, consacre un billet au sujet de l'intégration des salles de rédaction web et papier, identifiant les obstacles à l'intégration: la méfiance des journalistes "papier" méfiant du web, les nouvelles techniques du web qui entraînent de nouvelles responsabilités et les changements induits dans la hiérarchie ainsi que le coût des nouvelles salles de rédaction.


Le bille d'Alain Joannes sur son blogue Journalistiques.fr


La problématique des rédactions intégrées


28 décembre 2007

Les objectifs 2008 pour les journalistes pas branchés

Vous êtes un journaliste pas trop branché côté nouvelles technologies? Il est temps de prendre des résolutions pour la nouvelle année.


Howard Owens propose un cadeau de 100$ sur Amazon pour les journalistes pas très branchés qui atteindront les 10 objectifs suivants pour la nouvelle année.


Je les ai résumés et traduits sommairement pour les collègues qui n'y comprennent pas grand chose à l'anglais.


Ses idées sont intéressantes pour se familiariser avec les nouvelles technologies - blogues, vidéos, photos - et montrer que c'est à la portée de tout le monde et s'apercevoir qu'on peut se faire son propre fil d'agence (RSS).


D'autres points devraient au moins intéresser les journalistes qui ont envie de se faire une idée des nouvelles façons de communiquer (réseaux sociaux, Twitter, YouTube, etc.) et leur donner quelques idées de sujets de société.



* * *


1. Bloguez. - Prenez votre sujet préféré, trouvez cinq personnes personnes qui bloguent déjà à ce sujet et commencer à poster vos propres billets. Sujets interdits: politique nationale et internationale et si possible hors des sujets habituellement traités dans vos articles.


2. Photographiez. - Achetez un appareil, ouvrez un compte sur Flick ou Buzznet et partagez vos photos.


3. Tournez, montez, publiez. - Avec la même caméra, faites quelques vidéos. Avec les logiciels gratuits qui se trouvent sur votre ordinateur, faites un montage et publiez tout ça sur YouTube. Le but n'est pas de faire de la vidéo, mais de voir comment ça fonctionne.


4. Regardez. - Pour les six prochaines semaines, passez deux heures sur YouTube ou un autre site de partage de vidéos. L'idée est de voir se développer les conversations entre internautes. Prendre garde à regarder ce qu'amateurs et pros font de ces sites.


5. Réseautez. - Tous les professionnels ont leur tête sur LinkedIn, il est temps de d'y mettre. Facebook a été la coqueluche de l'année, mais selon Howard Owen, MySpace devrait être la façon de se garder le contact avec la prochaine génération de lecteurs.


6. Partagez. - del.ico.us, digg et mixx pour les anglos.


7. Lisez. - C'est la meilleure façon de se garder à jour avec ce qui est publié sur le web. Il faut apprendre à les utiliser.


8. "SMSez". - Pour Owen, ça ne semble pas évident parce qu'en Amérique, les SMS ça ne marche pas trop. Avec 62 millions de SMS le soir de Noel juste en Suisse, je crois que personne de ce côté-ci de l'Atlantique n'a à apprendre quoi que ce soit... Quoique... il faut lire l'entrée suivante


9- Apprenez Twitter. - Apprenez à utiliser Twitter. Twitter est une façon de faire ses propres "breaking news". L'idée est de transmettre de très courtes informations à des "abonnés", généralement des proches, la famille, les amis, les collègues. ça s'utilise depuis une interface web, votre messagerie instantanée ou depuis un téléphone portable.


10. Apprenez à créer "mashup" avec les Google Maps. - Si vous ne savez pas ce que c'est, cherchez dans Google et commencez aussitôt, il y a un tas de tutoriels qui vous l'apprendront.


En bonus...


11. Documentez. - Notez tout ce que vous avez appris, faites-en quelque chose de structuré: un papier, un livre blanc, un billet sur un blogue. Discuter comment la technologie change les médias, tentez d'imaginer à quoi ressemblera votre métier dans une dizaine d'années. A quoi ressembleront les médias dans 5 ans? Comment rejoindre les nouveaux lecteurs.


* * *


Les liens intéressants


2008 Objectives for todays non-wired-journalist (avec le règlement pour toucher les 100$)


Cité via Le blogue de Mindy MacAdam (incontournable)

03 septembre 2007

Trois tactiques de la PQR contre l'effet Google News

Google héberge depuis vendredi les dépêches des agences Presse canadienne, AP, AFP et l'agence de presse britannique PA sur son service Google News.

Les infos sont sobrement présentées. Le texte a échappé au sabre du pupitre. Une ou deux photos et des liens vers des articles sur le même sujet accompagnent le papier.

Les grands perdants seront les sites qui publient les dépêches, mais La presse quotidienne régionale, elle, devra se poser des questions.

Quel avenir pour les nouvelles nationales et internationales dans ses pages? Quel avenir pour les rubriques cinéma, culture, et autres fournies par les agences de presse?

La fin des pages "farcies" de dépêches approche. Personne ne verra l'intérêt d'un entrefilet payant dans le journal local contre le papier complet lu gratuitement sur Google News.

Trois tactiques sont envisageables:
  1. La percée. - Des scoops! Sur les plans international et national, la PQR doit oublier. Ou alors y mettre les moyens en associant plusieurs titres dans la couverture d'un événement. Cher et pas simple à mettre en place.

  2. Le repli. - Jouer la carte de l'originalité: condenser la nouvelle nationale et internationale pour donner une large place à l'analyse et à l'information de contexte.

    Pourquoi pas en mettant au point des dossiers "collaboratifs" avec les lecteurs/internautes?

    Il s'agit d'enrichir la nouvelle de la résonance régionale: quelles conséquences ici/est-ce que ça peut se produire ici, intervention d'experts locaux et des personnes concernés, plus proches des lecteurs.

    Le réflexe doit être développé, tout autant que les réseaux locaux de commentateurs potentiels.

  3. La retraite. - Abandonner la couverture internationale et nationale pour concentrer ses forces exclusivement sur la nouvelle régionale.

    Option si peu chère qu'elle permet même des économies. Mais elle peut aussi irriter les lecteurs.
A mon humble avis la deuxième solution est la meilleure. La presse (imprimée ou web) doit se distinguer pour survivre.

En donnant un angle régional aux informations nationales et internationales, elle accomplit sa double mission d'informer ses lecteurs et de demeurer un média de proximité.

30 juin 2006

Pourquoi la pub résiste au web

[commentaire posté sur le blog de Jeff Mignon]

En quelques mots: le web rejoint les gens à la maison et au travail, il occupe 23 % de leur temps alors qu'il ne récolte que de 6% de l'assiette publicitaire. l'industrie de la pub s'en va vers une crise majeure. combien de temps va-t-elle résister au net? Jeff Mignon.

les annonceurs prêts à investir dans une campagne publicitaire sur le web doivent être déjà sensibles à ce média: ils ont déjà un site, ils font du commerce en ligne. ils doivent avoir un intérêt concret à voir les gens atterrir sur leur site qui ne leur sert pas que de vitrine. ces annonceurs-là ne sont pas si nombreux...

à l'heure actuelle tout le monde ou presque dans le monde des affaires sait comment une campagne fonctionne dans les journaux, dans les magazines, à la télé ou à la radio. mais sur le net on en est encore à de l'expérimentation.

quelles sont les pubs qui marchent? quelles sont les campagnes qui marchent? à qui faut-il s'adresser pour rejoindre un grand nombre de personnnes? ou plutôt les consommateurs intéressés?

avec l'éclatement des supports publicitaires - tout le monde peut se faire un site web en quelques minutes – les supports potentiels sont innombrables. comment choisir les bons sites où annoncer? avec qui faire affaire pour que la campagne soit vue par les «bonnes personnes»?

les solutions actuelles (adwords et consorts) sont compliquées à mettre en place pour la majorité des annonceurs, des commerçants et des marchands.

au fil des ans, la proportion pub sur le web va certainement grandir.

mais on peut aussi prendre le problème à l'envers: peut-être les internautes passent-ils autant de temps sur le net justement parce qu'il y a moins de pub?

6:42 PM

23 mai 2006

La moitié des jeunes créent du contenu pour le Web

57% des jeunes américains "branchés" de 12 à 17 créent du contenu qu'ils échangent sur le Web, rapporte une étude de Pew Internet & American Life Project.

Certes, le rapport date de la fin de l'année dernière, mais le chercheur hollandais Mark Deuze l'a tout dernièrement exhumé sur son blogue.

En chiffres absolus, c'est la moitié des adolescents américains. Et le reste de la jeunesse occientale doit, dans des proportions semblables, faire de même.
These Content Creators report having done one or more of the following activities: create a blog; create or work on a personal webpage; create or work on a webpage for school, a friend, or an organization; share original content such as artwork, photos, stories, or videos online; or remix content found online into a new creation.

The most popular Content Creating activities are sharing self-authored content and working on webpages for others.
  • 33% of online teens share their own creations online, such as artwork, photos, stories, or videos.
  • 32% say that they have created or worked on webpages or blogs for others, including those for groups they belong to, friends or school assignments.
  • 22% report keeping their own personal webpage.
  • 19% have created their own online journal or blog.
  • About one in five internet-using teens (19%) says they remix content they find online into their own artistic creations.

La presse doit s'ouvrir aux jeunes créateurs

La presse cherche à rejoindre les jeunes. Seulement, son modèle vertical, de un à plusieurs - du journal vers les lecteurs - ne plaît pas de prime abord à cette jeune génération de créateurs de contenus.

En revanche, le nombre de ses lecteurs est encore et sera toujours plus grand que l'audience de 99% des blogues existants ou à venir. C'est ce qu'il peut offrir à ces jeunes créateurs.

Le journal papier peut "soigner" les jeunes en leur ouvrant ses pages. D'abord en sélectionnant leurs oeuvres (photos, rédactions, etc.) sur la base de votes, de recommandations des internautes et de sélections de la rédaction.

En favorisant l'émulation chez les jeunes créateurs, en leur "prêtant" l'audience du journal, la presse peut certainement se gagner des lecteurs dans cette génération.

A méditer.

Liens
Le post de Mark Deuze
L'étude du Pew Institute
Yahoo! - Press Releases

21 mai 2006

L'Info en danger

"Chasse aux coûts dans les rédactions et recherche effrénée de recettes publicitaires caractérisent aujourd'hui la situation dans la plupart des médias", ont constaté cinq collègues journalistes romands en octobre dernier.

Pour dénoncer cette situation et demander aux éditeurs tous les moyens nécessaires pour produire un journalisme de qualité, ils ont lancé une pétition. Plus de 500 signatures ont été récoltées.

Le lien
Coup de gueule des journalistes contre l'info-marchandise