27 mars 2006

MEDIA CAFÉ: Dans ce nouveau paysage médiatique, à quoi sert un journaliste d'après Richard Sambrook de la BBC ?

MEDIA CAFÉ: Dans ce nouveau paysage médiatique, à quoi sert un journaliste d'après Richard Sambrook de la BBC ?

Si l'info est une marchandise comme le shampooing, les automobiles ou les cornflakes, en effet le journaliste ne devient que le "contrôle qualité" de la production de l’information.

Faut cependant reconnaître que ces trois fonctions ne sont pas l’apanage des journalistes , les «experts», les universitaires et les fins observateurs du sport, de la politique, de la consommation ou encore de la mode et j'en passe, vérifient, expliquent et analysent eux aussi.

Je suis étonné que Sambrook ne conclut pas aussi que, si Google ne juge pas de la qualité de l’information, il ne répertorie pas non plus tous les faits observables de l'univers.

Et que quand bien même tout la planète serait prête à dégainer son téléphone portable avec appareil photo numérique pour mobloguer, le journaliste reste d'abord et avant tout un témoin: il rapporte ce qu'il voit, croise ses informations et interroge ses sources, fussent-elles documentaires ou humaines, avant de synthétiser le résultat en un ou plusieurs documents écrits, visuels ou audio.

Contrairement à ce que l'on aimerait penser, les faits nouveaux ne se trouvent pas toujours dans la rue ou dans le métro de Londres à la portée du premier moblogggueur venu, mais cachées au fond de rapports, de bases de données ou encore au détour de conversations au premier abord anodines... Le newsgetting, le flair, le sens de la nouvelle, ne sont pas partagés par tous.

Il me semble que le principal effet de la «démocratisation» de ces moyens de communication soit plutôt la multiplication des sources et son corollaire: la difficulté pour le journaliste de se faire entendre. Bien plus que la remise en question du rôle du journaliste et de ses quatre fonctions : recherche + vérification + analyse + contextualisation de l'information.

Commentaire publié sur le site de Jeff Mignon.

23 mars 2006

La presse quotidienne régionale s'interroge sur son avenir

Benoît Raphael s'interroge et rassemble toutes sortes de réflexions intéressantes sur l'avenir des quotidiens régionaux.

Le titre de son blogue traduit certainement les sentiments ambigus et contradictoires - l'appréhension et la fascination - des gens du métier face aux nouveaux médias: tout le monde et n'importe qui a désormais au bout de son clavier la puissance d'une rotative, prête à fournir qui veut bien le lire.

Son blogue
Demain tous journalistes ?

13 mars 2006

Les photos des sportifs argoviens

Décidéement, les éditeurs suisses se mettent à l'heure du Web. Le journal régional Aargauer Zeitung propose à les lecteurs de publier des photos - d'équipe sportives locales - sur son site web, sous réserve de certaines conditions.

Les images peuvent ensuite servir de e-carte service plutôt classique.

Vient ensuite le petit plus: la meilleure des photos se retrouve dans les pages du journal.

Source: Editor's Weblog
http://www.editorsweblog.org/news//2006/03/swiss_newspaper_prints_readers_photos.php

Google, ami ou ennemi des journaux?

Why newspapers must ask some searching questions

Encore une fois, Jeff Jarvis ramène tout le monde les pieds sur terre. Les propriétaires de journaux voient Google comme un ennemi qui les "dépouille" de leur contenu pour l'afficher sur GoogleNews.

Il semble que les membres du World Association of Newspapers aient un peu de peine à retrouver le nord dans le monde, osons le dire, postmoderne. Google, voleur?

At this month's Online Publishers Association conference in London, WAN managing director Ali Rahnema asked: "Could this content exist if someone else wasn't paying to create it?" Well, in the quaint Americanism of my hillbilly roots, I'd say Rahnema got this bassackwards. Instead, we soon will be asking, "Could this content exist if someone else wasn't linking to it?"
Google serait donc à mi-chemin entre l'ami et l'ennemi, une sorte d'incontournable "première page de tous les journaux du monde" duquel il vaut mieux tirer parti, que d'essayer de vider de toute sa substance.

Parce qu'au final, ne plus être référencé par Google veut aussi dire retourner dans le néant du Web.

Le journalisme citoyen arrive (par) Le Matin

Portail BleuBlog


Le quotidien gratuit Le Matin Bleu qui inonde les rives du Lac Léman jusqu'à Bienne en Suisse a ouvert il y a une dizaine de jours sa plateforme blogue. Depuis 1600 blogueurs s'y sont mis, deux cents par jour.

Loin derrière Skyblog avec son 1,4 million carnets intimes, c'est tout de même une première en Suisse romande et un succès.

Dans son édition domincale, payante celle-là, Le Matin présente déjà quelques-uns des blogs créés: poésie, impertinences, photos et piercing, histoire de donner des idées.

Laquelle au fait? Promouvoir le "journalisme citoyen", de l'aveux de Jérôme Vitoz, responsable marketing digital pour Le Matin. Un internaute à la fois consommateur et fournisseur.

Extrait du papier du dimanche 12 mars 2006, page 31.
"Nous n'offrons pas simplement un outil technologique, jubile -t-il. Nous incitons les gens à s'exprimer et nous mettons en valeur les blogs les plus intéressants, les plus drôles, les plus originaux."

Le responsable estime le potentiiel à 22 000 blogueurs.

Spéculations et interrogations:
  1. Le Matin Bleu pourrait devenir un modèle pour les journaux de proximité avec son mélange de revenus de pub dans l'édition papier et en ligne et la collaboration de lecteurs. Le seul système de pub que j'ai vu, au premier abord, c'est le AdSense de Google et des pubs traditionnelles sur la première page du site. Est-ce que cela changera?
  2. Quelle ligne rédactionnelle Le Matin-Bleu/Bleublogue? Quels articles de quels blogues seront sélectionnés pour faire le blogue du jour?
  3. Le véritable engouement et la première expression "forte" du phénomène blogue en Suisse romande se produira quand un fait divers romand sera illustré avec des photos prises par un blogueur romand sur Bleublog.

08 mars 2006

La tempête de neige vue par les lecteurs

Journal L'Alsace / Le Pays a lancé le week-end du 4 et 5 mars un appel à tous ses lecteurs d'envoyer leurs photos. Pour ceux qui ne seraient pas du coin, la tempête de neige de samedi à dimanche a laissé derrière elle 50 à 60 centimètres de neige par endroit. Un record.

Au final, l'expérience de L'Alsace/Le Pays montre que quand les journaux donnent, qu'ils entretiennent une relation privillégiée et sans élitisme avec leurs lecteurs, ils peuvent mettre sur pied des opérations intéressantes, originales et sans communes mesures avec les moyens jadis à disposition des rédactions traditionnelles, hors-Web.

Résultat? Des centaines de photos, certaines banales, des surprenantes et quelques-unes très , très réussies.

Mais elles ont surtout l'incroyable avantage de photographier un territoire si vaste qu'aucune rédaction alignée au grand complet n'aurait pu couvrir.

L'Alsace/Le Pays donne l'exemple de ce que peuvent faire des journaux régionaux avec un sens de la communauté bien développé, un site web attrayant et quelques idées.

02 mars 2006

Des liens en profondeur

Que font les journaux pour être davantage lus par le biais du net ?

John Battelle, auteur du livre The Search, donne une piste à suivre. Il raconte qu'au détour d'une conversation, s'était aperçu ne plus lire le Wall Street Journal ou alors The Economist.

En fait, ces journaux, même s'ils sont très bons, sortaient complètement de ses habitudes de lecture simplement parce qu'ils ne présentaient pas de contenus en ligne.

Des journaux très difficiles à trouver sur un moteur de recherche n'existent plus...
«Avec le Web, les nouvelles sont une conversation dont le carburantsont les blogs, le courriel et la culture du copier-coller. S je trouve quelque chose que je ne peux pas partager (ce que veut dire que je ne peux pas y transmettre un lien par un courrier électronique ou depuis mon propre site Web), cela ne vaut pas la peine que je m'y attarde.»
John Battelle propose donc ce qu'il appelle « les liens en profondeur ».

L'idée n'est pas d'abandonner la vente du journal par le Web, mais bien de donner la possibilité aux abonnés de référencer les articles par des liens afin qu'ils les conseillent à leurs amis et leurs connaissances.

A terme, les lecteurs constamment référencés par leurs amis sur un site finiront par s'abonner, jugeant cette source fiable.


Source
Battelle John , The Search, Nicholas Brealey Publishing, Boston - London, 2005, 311 pp.