30 janvier 2006

A propos des leçons de Gillmor

Poynter Online - E-Media Tidbits

Steve Yelvington d'E-Medi Tidbits réfléchit lui aussi à la déconfiture de Bayosphere, le site de journaliste citoyen de Dan Gillmor.
Perhaps one of the first lessons to take away is the importance of focus. As it unfolded, Bayosphere turned out not to be about the Bay Area at all, and instead became dominated by blog postings about U.S. and world politics. The postings are civil, which is a plus, but there's no shortage of conversation about those topics on the Internet. It's difficult to see a way to add value.
Another might be the importance of managing a core group of social trendsetters. Bayosphere managed to establish a culture fairly free of abuse, but it didn't evolve the atmosphere of topical passion that powers the most successful online communities.

29 janvier 2006

Les 7 leçons de Dan Gillmor

Le penseur du journalisme citoyen Dan Gillmor arrive à un constat d'échec de son expérience avec Bayosphere, un site internet dédié à l'information locale et techno dans la Baie de San Francisco.

Les raisons de l'échec? Pas de business model viable, pas vraiment de revenus pour continuer l'expérience et des "cotes d'écoute" qui n'ont pas atteint les objectifs.

The evidence strongly suggested early on that this was not likely to be a viable publishing venture for some considerable period without partnerships to bring in both readers and contributors. But long discussions with potential partners -- including several whose participation would have been game-changing in a journalistic and business-model sense -- didn't pan out. (It will be an exciting day when one or more of those folks tries a citizen-driven media venture.)


Plutôt que de focaliser sur l'échec ou les raisons de l'échec, je reproduis ici un résumé des leçons tirées par Gillmor sur le journalisme citoyen:
  • Limiter la participation. Demander davantage d'information sur les participants = moins de participants = meilleures contributions.
  • Un "serment". Donner un code de conduite ou de déontologie aux particpants.
  • Donner une direction et un cadre de travail aux particpants; assistance et collaboration, leur faire comprendre le sens profond du site et quelles tâches ils doivent accomplir.
  • Les outils informatiques sont encore trop complexes - il faut connaître la technique pour se lancer dans l'aventure, ce qui rebute par mal de participants.
  • "Community building": là Gilmor se montre peu loquace: quels seraient les moyens, quelles seraient les implications, avec quels outils construit-on un communauté? Il dit seulement que c'est encore plus important que les outils de publication. Mystère...
  • Incitation à participer: je crois que Gilmor entend par là qu' il faut trouver le moyen de payer les collaborateurs, et par là, il faut aussi trouver des ressources, qui semble-t-il ne sont pas encore au rendez-vous.
  • Trouver quelque chose d'informatif ou de divertissant qui attirent les lecteurs.
A la lecture des leçons de Dan Gillmor, je me rends compte que son expérience n'est pas un échec total. Il met seulement en avant les difficultés que recontreront tous les médias qui voudraient se lancer dans le journalisme citoyen.

D'un point de vue de défense de la profession, je suis tout de même soulagé. Les éditeurs ne trouveront pas de sitôt le moyen de se passer d'une véritable rédaction, avec des journalistes professionnels.

En revanche, il serait peut-être temps que les journalistes se lancent dans une véritable réflexion sur leur métier à la lumière des possibilités qu'offre la conversation avec les citoyens. Contrairement à ce que beaucoup de collègues s'imaginent, des collègues mais aussi des éditeurs, le public (si quelque chose de ce nom existe vraiment) n'est pas débile ni dupe. Si on fait la somme des connaissances de chacune des personnes qui le compose, un journaliste seul ou même une rédaction entière ne fera jamais le poids sur un sujet donné.

Alors pourquoi ne pas engager cette conversation avec nos lecteurs et surtout leur donner, à tout le moins sur le web, les outils pour publier et partager avec eux notre expérience du métier?

22 janvier 2006

Les jeunes boudent, ouvrons la discussion!

Les 18-29 ans ne s'intéressent qu'au Web, soutient l'Hebdo, le magazine d'actualité de la Suisse romande dans son numéro du 29 décembre 2005.

Dans l'article Les jeunes boudent les médias traditionnels, on apprend que l'éditeur du magazine, le géant suisse Ringier, a demandé à un institut de sondage MIS Trend de déterminer à quel moment les jeunes entrent en contact avec les médias traditionnels.

La réponse: jamais.

Les jeunes consomment des informations par le biais du net exclusivement. Ils s'intéressent en profondeur, c'est-à-dire en utilisant les liens hypertextes pour aller vers d'autres sites étroitement liés avec leurs centres d'intérêt. De plus ils discutent, par mail, par SMS. Ils bloguent aussi des fois.

Somme toute, ils reprochent aux médias traditionnels et généralistes d'être:

  • Répétitifs - de répéter toujours les mêmes infos à la télé, à la radio, dans les journaux.
  • Sensationnalistes - de susciter des émotions artificielles.
  • De focuser sur un événement puis de l'oublier
  • De mentir à l'occasion.
  • Dans le cas de la presse écrite, d'être trop chère et dévoreuse de temps.

"Ils ont des attentes contradictoires", s'étonne-t-on. Comme si tous les jeunes devaient penser la même chose de n'importe quoi... Encore une fois, on dissèque des attitudes pour tenter de s'adresser à un public que l'on perçoit comme monolithique.

D'autant plus que la catégorie "jeunes de 18-29 ans, étudiants ou travailleurs" est une vision de l'esprit. Cela n'existe pas. Pas au sens où les jeunes qui aiment la voile, ou les jeunes intéressés par le foot, existent, elles.

De même Sonia Arnal craint de voir les communautés dont le journal ou le quotidien sont le "socle commun" disparaître. C'est quand même un peu rigolo de voir que des journalistes aient de la difficulté à reconnaître que la société sur laquelle ils écrivent depuis des décennies est en profonde mutation.

Pour Deuze, la «liquéfaction» de la société et l'hyperindividualisation de la vie sociale sont en cours. Avec tous ses effets....

Or donc, les journalistes et les éditeurs continuent de s'adresser à un public "fictif", né de leur catégories mentales plutôt que d'aller vers les gens, les vrais, individuellement.

Quand les médias envisageront leur lectorat autrement que le "machin" auquel il faut vendre son "journal", ils ouvriront la discussion.